23 septembre 2018

1927-2017 : C’était Simone Veil...




Survivante de la Shoah, porteuse de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse et Européenne convaincue, Simone Veil s’est éteinte le 30 juin 2017, à l’âge de 89 ans. La vie politique française perdait alors l’une de ses plus grandes et illustres figures. Le 1er juillet 2018, Simone Veil est la cinquième femme à entrer au Panthéon.


Suscitant autant l’admiration que l’affection, Simone Veil s’est imposée comme l’une des personnalités préférées des Français. De retour des camps d’Auschwitz et de Bergen-Belsen en mai 1945, elle est sauvée du désespoir par son courage et sa détermination. Après avoir fondé une famille, puis entamé une carrière dans la magistrature, en 1974, elle devient du jour au lendemain la femme politique française la plus célèbre et la plus populaire, réussissant à faire adopter en tant que ministre de la Santé la loi qui porte son nom, relative à  l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Figure emblématique du combat des femmes, elle a occupé au sein de l’administration comme en politique des postes jusque-là inaccessibles aux femmes : première femme secrétaire du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM), première femme à siéger au conseil d’administration de l’ORTF (1972), première femme présidente du premier Parlement européen élu au suffrage universel (1979), première femme ministre d’État (1993). Membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, elle a également été en 2008 la sixième femme à être élue à l’Académie française et à entrer sous la Coupole en mars 2010, occupant à la suite de Paul Claudel, Pierre Loti et Pierre Messmer le fauteuil numéro 13, qui fut aussi celui de Jean Racine.



Née le 13 juillet 1927 à Nice, dernière de quatre enfants, Simone Veil est issue d’une famille juive assimilée, patriote et laïque. Avec des ancêtres originaires de Lorraine, son père André Jacob, diplômé des Beaux-Arts de Paris en 1913, deuxième prix de Rome, durement secoué par quatre années de captivité, commence une carrière d’architecte après la Première Guerre mondiale. Marié en 1922, il quitte la capitale en 1924 pour installer la famille qu’il vient de fonder à Nice à la suite d’une intuition qui s’avère juste, mais prématurée : l’essor de la construction sur le littoral méditerranéen. Les premières années de sa carrière prennent effectivement un tour prometteur. Mais la crise de 1929 va frapper la famille Jacob, comme celles de nombreux Français.

MATRICULE 78651

Après l’offensive allemande en 1940, la défaite de l’armée française et l’armistice, le statut des Juifs est bientôt promulgué, et André Jacob se voit retirer le droit d’exercer son métier d’architecte. La zone sud, sous occupation italienne, constitue cependant un refuge relatif pour les Juifs, jusqu’à l’arrivée de la Gestapo le 9 septembre 1943. La famille Jacob doit alors s’éparpiller. Le 29 mars 1944, Simone Jacob parvient à passer les épreuves du baccalauréat, avancées de trois mois par crainte d’un débarquement allié dans le Sud de la France. Le lendemain, elle est arrêtée par la Gestapo, une arrestation suivie par celle de tous les autres membres de sa famille, hormis sa sœur Denise, engagée dans la Résistance, qui sera par la suite déportée à Ravensbrück. Elle apprit plus tard que ses faux papiers, qu'elle croyait fiables, avaient en réalité été mis en circulation par la Gestapo elle-même. 
Du camp de Drancy, Simone, sa mère et sa sœur aînée Milou (Madeleine) sont déportées à Auschwitz-Birkenau où elles arrivent, après un voyage de deux jours et demi, le 15 avril 1944, en pleine nuit. La nuit même, un numéro indélébile est tatoué sur le bras de Simone Jacob, le n° 78651 - elle le fera graver sur son épée d'académicienne, en 2010.

UNE FAMILLE DÉTRUITE

De leur côté, le père de Simone et son frère Jean sont envoyés de Drancy à Tallinn, en Estonie, parmi les 878 hommes que comptait le convoi 73 ,  où ils sont éliminés rapidement. Quant à Simone, sa mère et sa sœur Milou, encore survivantes après l’évacuation du camp d’Auschwitz, le 18 janvier 1945, elles entament avec les 40 000 autres détenus la mémorable longue "marche de la mort" à travers la Pologne et l’Allemagne, jusqu’au camp de Bergen-Belsen où la mère de Simone, épuisée, finit par succomber du typhus, le 13 mars 1945, un mois avant la libération du camp par les troupes anglaises. 

RECOMMENCER À VIVRE

De retour en France le 23 mai 1945, une date que Simone n’oubliera jamais, elle apprend qu’elle a été reçue aux épreuves du baccalauréat passées la veille de son arrestation. Elle décide alors de s’inscrire à la faculté de droit, comme elle l’avait toujours voulu, et entre parallèlement au nouvel Institut d’études politiques, rue Saint-Guillaume. C’est là qu’elle rencontre Antoine Veil, tout juste démobilisé. Issu d’une famille qui évoque par bien des côtés celle que Simone a perdue – "des Juifs non religieux, profondément cultivés, amoureux de la France" –, elle se marie avec Antoine Veil le 16 octobre 1946. Elle a dix-neuf ans, il en a vingt. Leur premier fils, Jean, naît fin 1947, leur deuxième fils, Nicolas, treize mois après. Leur troisième fils Pierre-François naîtra en 1954.


"Ce que j'ai pu observer en Allemagne au sujet de la race juive" : le témoignage de Simone Veil à l'âge de 20 ans


Le 4 mars 1947, l'Assemblée Nationale reçoit l'étudiante Simone Veil qui décrit la vie entre jeunes femmes de confession juive à Auschwitz. En creux, l'idée de "race juive" telle qu'elle était débattue dans la France de la Libération.

Carte de scolarité de Simone Veil à Sciences-Po
1947, Simone Jacob vient d'épouser Antoine Veil. Elle prend le nom de son mari et s'appelle désormais Simone Veil, de ce nom qui accompagnera tout son parcours politique plus tard. Elle est étudiante à Sciences-Po, qu'elle a intégré en octobre 1945. Elle était alors un peu en retard sur la rentrée universitaire : début janvier 1945, alors que ses congénères se préparaient à la rue Saint-Guillaume, elle se trouvait encore au camp de concentration d'Auschwitz.

"Dans les registres du camp, chaque femme était enregistrée à son numéro avec le prénom de Sarah !"

D'Auschwitz, elle viendra surtout livrer ce témoignage à l'Assemblée nationale, le mardi 4 mars 1947. Simone Veil a alors vingt ans, on l'interroge dans l'Hémicyle "en tant que déportée raciale". La jeune femme commence par ces mots le récit qu'elle a préparé :

"Je voudrais seulement apporter ici le témoignage de ce que j'ai pu observer en Allemagne au sujet de la race juive."


http://www.ina.fr/audio/P13074664/simone-veil-a-propos-de-sa-deportation-audio.html

Simone Veil sur la Shoah : "Nous n'avons pas parlé parce qu'on n'a pas voulu nous écouter"



Puis il faut attendre plus de trois décennies, presque quatre, pour retrouver à la radio le témoignage de Simone Veil sur la déportation. Elle est pourtant devenue fort célèbre entre-temps, comme ministre de la Santé de 1974 à 1979 puis comme présidente du Parlement européen, dès 1979, et députée européenne jusqu'en 1993, date de son retour au gouvernement. Mais c'est de parité, de sécurité sociale et, bien sûr, d'avortement , qu'on lui parle, et non de son expérience des camps d'extermination. Or elle affirme sans détours avoir cherché à raconter.
Pour Simone Veil, les rescapés de la Shoah se sont tu parce qu'on n'a pas voulu les entendre, pas voulu savoir. En 1988, dans une deuxième émission "L'Histoire en direct" diffusée cette fois le 2 mai, elle dénoncera même :
Aujourd'hui, on refait beaucoup l'Histoire. On essaye de comprendre pourquoi on n'a pas plus parlé. Je crois que ça vaut la peine d'essayer de comprendre pourquoi mais qu'il ne faut pas refaire l'histoire autrement qu'elle n'a été en disant que c'est parce que les déportés n'ont pas voulu en parler, parce que les déportés ont cherché l'oubli eux-mêmes. Ce n'est pas vrai du tout. Il suffit de voir le nombre de rencontres qu'ils ont entre eux. Si nous n'avons pas parlé c'est parce que l'on n'a pas voulu nous entendre, pas voulu nous écouter. Parce que ce qui est insupportable, c'est de parler et de ne pas être entendu. C'est insupportable. Et c'est arrivé tellement souvent, à nous tous. Que, quand nous commençons à évoquer, que nous disons quelque chose, il y a immédiatement l'interruption. La phrase qui vient couper, qui vient parler d'autre chose. Parce que nous gênons. Profondément, nous gênons.
Du retour de déportation, Simone Veil parlera comme de "l'écroulement autour de soi". Transférée à Bergen-Belsen peu avant la libération des camps avec sa mère et sa soeur Madeleine, elle ignorait que sa soeur Denise, engagée dans la Résistance, avait elle aussi été déportée, à Ravensbrück.
On se disait toujours entre nous : "Nous ne rentrerons pas mais il restera quelqu'un de la famille." Tout d'un coup, tout s'écroulait parce qu'on avait tellement forgé le retour sur une personne qui était restée, qui serait là à nous attendre, que l'idée qu'elle avait été déportée aussi était insupportable. J'ai eu vraiment une crise de nerf, ce qui ne m'est jamais arrivé d'autres fois. 

Dans cette émission d'archive qui date de près de trente ans, Simone Veil racontait que la misère dans laquelle beaucoup de familles juives ont vécu à leur retour en France est longtemps passée au second plan parce que primait l'attente, l'espoir de voir revenir un proche. Un espoir en décalage total avec le souvenir qu'elle conservait, au-delà de "quelques initiatives de solidarité, de gentillesse, de douceur", d'une profonde et vaste indifférence. De ce climat au retour, elle disait :
On était exclu du monde. Mais peut-être que nous-mêmes, nous ne nous sentions plus dans ce monde.
Très marquée par cette difficulté à raconter l'inracontable dans un pays n'ayant au fond pas vraiment envie de savoir, Simone Veil confiait encore une expérience "incommunicable", "hors du monde". En 1988, elle disait combien en parler lui apparaissant pourtant comme "une nécessité, une promesse qu'on a faite et un engagement"

Simone Veil, Harlem Désir, Simone Signoret et Yves Montand à la manifestation de l'UEJF en 1986 après l'attentat antisémite.

http://www.ina.fr/audio/P15037036/simone-veil-l-arrivee-au-camp-audio.html

http://www.ina.fr/audio/P15037039/simone-veil-la-liberation-du-camp-audio.html

http://www.ina.fr/audio/P15037041/simone-veil-incomprehension-et-indifference-audio.html

DANS LA MAGISTRATURE

Après avoir occupé différents postes au sein de cabinets ministériels, Antoine Veil est reçu à l’ENA en 1953, et devient inspecteur des Finances. Simone Veil, qui s’est jusqu’alors entièrement dévouée à ses enfants et à son mari, s’inscrit au concours de la magistrature, accessible aux femmes depuis 1946. D’abord attachée titulaire à la Direction de l’administration pénitentiaire, elle passe sept années, de 1957 à 1964, à se battre pour l’amélioration du sort des détenus. Elle est ensuite affectée à la Direction des affaires civiles, sous la tutelle du garde des Sceaux Jean Foyer qui lance de grandes réformes du code civil en matière familiale ; c’est Simone Veil qui rédige le projet de loi sur l’adoption. Puis elle devient en 1969 conseillère technique dans le cabinet de René Pleven, devenu ministre de la Justice.  L’année suivante, nommée secrétaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) par le Président Pompidou, elle est la première femme à occuper ce poste.

LE DOSSIER EXPLOSIF DE L’IVG

À la suite de l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République, le 19 mai 1974, Simone Veil est nommée dans le Gouvernement de Jacques Chirac au poste de ministre de la Santé. Elle est la seule femme ministre de ce Gouvernement, ses consœurs occupant des secrétariats d’État : Annie Lesur à l’Éducation, Hélène Dorlhac à la Justice, Françoise Giroud à la Condition féminine.

Dès le premier Conseil des ministres, le sujet de la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est abordé par le Président Giscard d’Estaing. Face au problème de l’avortement clandestin, il y a urgence. C’est Simone Veil qui est chargée de faire adopter le projet de loi. Un dossier explosif. Portée par le mouvement féministe et soutenue par l’engagement à ses côtés du ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski, Simone Veil affronte les attaques. C’est au cœur d’une grande agitation que, le 26 novembre 1974, le président de l’Assemblée nationale, Edgar Faure, lui donne la parole. Suite à une grève de l’ORTF, les programmes ayant été annulés, les débats de l’Assemblée sont retransmis en direct par les grévistes. Son discours – de quarante minutes – va bouleverser la société française et faire entrer Simone Veil dans l’Histoire.

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Dans cet hémicycle majoritairement masculin (481 hommes pour 9 femmes), règne l'hypocrisie la plus totale (certains d'entre-eux cherchaient des adresses pour faire avorter leur maîtresse...) A l'inverse, dans les tribunes du public, une majorité de femmes s'est déplacée pour écouter Simone Veil.


La ministre évoque les 300 000 avortements clandestins recensés chaque année, à l'origine de mutilations féminines irréversibles et de traumatismes évidents. Elle souligne l'aspect dramatique d'un acte qui n'est jamais fait de gaieté de cœur. Au terme d'un discours d'une heure elle est applaudie par la gauche et n'obtient aucune réaction de la droite.

Durant les 4 jours de débats, les attaques violentes se succèdent et les insultes fusent tandis que les militants anti-avortement font le siège à l'extérieur de l'hémicycle. Après le passage de 74 orateurs, Simone Veil reprend la parole et dira plus tard avoir ressenti "un immense mépris". La loi est finalement adoptée le 29 novembre 1974, par 284 voix pour et 189 contre grâce à la presque totalité des votes des députés des partis de gauche et du centre.


Puis le texte est voté au Sénat, plus facilement que prévu. La loi est finalement promulguée le 17 janvier 1975, elle prévoit que : "la femme enceinte que son état place dans une situation de détresse peut demander à un médecin l’interruption de sa grossesse. Cette interruption ne peut être pratiquée qu’avant la fin de la dixième semaine." La loi est votée pour cinq ans. Elle sera définitivement adoptée en 1979, et en 2001, le délai pour pratiquer une IVG sera porté à douze semaines. Simone Veil reste ministre de la Santé dans les gouvernements de Raymond Barre jusqu’en 1979.

CITOYENNE DE L’EUROPE AU NIVEAU LE PLUS ÉLEVÉ

Après ces cinq années passées au ministère de la Santé, s’ouvre ensuite pour Simone Veil l’important épisode européen. La construction européenne est à ses yeux le seul moyen d'éviter les horreurs du passé. Elle en est intimement convaincue depuis son retour des camps. Le Président Giscard d’Estaing lui propose de porter les couleurs de l’UDF aux premières élections du Parlement européen au suffrage universel, le 10 juin 1979. C’est son baptême électoral – un baptême victorieux : sa liste arrive largement en tête. Valéry Giscard d’Estaing soutient alors la candidature de Simone Veil à la présidence du Parlement européen, y percevant un symbole fort de la réconciliation franco-allemande et de la construction européenne. "Qu’une ancienne déportée devienne la première présidente du nouveau Parlement européen lui paraissait de bon augure pour l’avenir", écrit à ce propos Simone Veil dans ses Mémoires.

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Élue le 17 juillet 1979 présidente du Parlement européen par 192 voix – trois voix de plus que la majorité absolue –, Simone Veil devient citoyenne de l’Europe au niveau le plus élevé, poste qu’elle occupe pour trente mois, jusqu’en janvier 1982. Pour autant, elle ne renonce pas à l'Europe. Présidente du groupe libéral, elle poursuit son engagement actif dans la vie politique européenne, à la tête notamment du service juridique du Parlement, jusqu’en 1993.

PREMIÈRE FEMME NOMMÉE MINISTRE D’ÉTAT



Le 30 mars 1993, alors qu’elle est sur le point de s’envoler pour la Namibie où doit se tenir un important colloque sur le sida, Édouard Balladur, nouveau Premier ministre nommé par François Mitterrand, propose à Simone Veil de revenir au ministère de la Santé et des Affaires sociales, au rang de ministre d’État. Elle accepte, et lui demande d’adjoindre à ses fonctions celles du ministère de la Ville, s’attaquant de front, pendant deux ans, au déficit de la Sécurité sociale et aux quartiers difficiles. Après l’élection de Jacques Chirac à la présidence de la République, à la demande du Premier ministre Alain Juppé, elle présidera le Haut Conseil à l’Intégration ; elle y travaillera sur les questions d’égalité des chances. 

MEMBRE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL



De 1998 à 2007, Simone Veil achève sa carrière au Conseil constitutionnel où elle est nommée par René Monory, président du Sénat, pour un bail de neuf ans. Durant le temps où elle y siège, le problème de la primauté du droit communautaire sur la législation française est longuement débattu. En tant que "militante de l’Europe", elle demande d’ailleurs un congé sans solde au président du Conseil constitutionnel, Pierre Mazeaud, pour sortir de sa réserve, le temps de faire campagne en 2005 pour le projet de Constitution européenne.

AUX JUSTES QUI ONT INCARNÉ L’HONNEUR DE LA FRANCE

Simone Veil assure parallèlement, de 2000 à 2007, la présidence de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, créée avec les fonds publics et privés des spoliations des Juifs qui n’ont pas été réclamés par leurs détenteurs ou leurs ayants droits. Une part du budget est consacrée au musée du Mémorial, qui abrite à la fois le mur des Déportés et le mur des Justes. Le 18 janvier 2007, aux côtés du Président de la République Jacques Chirac, Simone Veil dévoile dans la crypte du Panthéon une plaque dédiée aux Justes parmi les nations qui "bravant les risques encourues, ont incarné l’Honneur de la France, ses valeurs de Justice, de Tolérance et d’Humanité."

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L'ACADÉMIE FRANÇAISE :  SUR SON ÉPÉE, UN NUMÉRO ET UNE DEVISE...

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Docteur honoris causa de diverses universités, dont Princetown (1975), l’Institut Weizmann (1976), l’université de Cambridge (1980), l’université de Georgetown (1981), l’université libre de Bruxelles (1984), les universités de Yale (États-Unis, 1980), de Glasgow (Grande-Bretagne, 1995), de Pennsylvanie (États-Unis, 1997), l’université de Montréal (Canada, 2007), l’université de Netanya (Israël, 2008), l’université de Bologne (Italie, 2009), l’université Ben Gourion (Israël, 2010), l’université de Tel Aviv (Israël, 2011), l’université de Meiji (Japon, 2011).
Prix Athènes de la Fondation Onassis (1980), prix Charlemagne (1981), prix de la Fondation Éléonore et Franklin Roosevelt (1984), prix Truman pour la paix (Jérusalem, 1991), médaille d’or du B’Nai Brith (Washington, 1993), médaille d’or de l’association Stresemann (Mayence, 1993), médaille d’or de la santé pour tous de l’Organisation mondiale de la santé (1997), prix Prince des Asturies et prix Grand Siècle Laurent-Perrier (2005), prix Scopus (Paris, 2007), prix Charles V (Espagne, 2008), prix franco-allemand du journalisme (Paris, 2009), prix Heinrich-Heine (Düsseldorf, 2010), prix européen des droits civiques des Sinti et Roma (Berlin, 2010), prix Schiller (Stuttgart, 2011), médaille Ambroise Paré (Paris, 2012), médaille d’honneur de la Santé et des Affaires sociales (Paris, 2012).
Et le 18 mars 2010, Simone Veil était intronisée à l’Académie française. Cette centriste et européenne succédait ainsi dans le 13e fauteuil à Pierre Mesmer, fervent défenseur du gaullisme, et rejoignait la courte liste des femmes à avoir fait partie de l'institution. Un sacre à 82 ans, sous les applaudissements des 39 autres "immortels" et du public, dont Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. "Tout en considérant que la langue française demeure le pilier majeur de notre identité, je suis fière d’être reçue par votre compagnie", déclarait Simone Veil, vêtue du traditionnel habit vert conçu par le couturier Karl Lagerfeld spécialement pour elle. 
Pour elle, son entrée dans la prestigieuse institution était un hommage à son père qui l’a initiée aux lettres. "L’architecte de talent qu’il fut, Grand Prix de Rome, révérait la langue française, et je n’évoque pas sans émotion le souvenir de ces repas de famille où j’avais recours au dictionnaire pour départager nos divergences sur le sens et l’orthographe des mots", s'était-elle remémorée avec émotion. 

                                          https://www.dailymotion.com/video/x4o5j6g

http://www.lefigaro.fr/livres/2017/06/30/03005-20170630ARTFIG00397-academie-francaise-l-eloge-historique-a-simone-veil-par-jean-d-ormesson.php


Jean d'Ormesson à Simone Veil : 
"Nous vous aimons, Madame"


L'écrivain Jean d'Ormesson a tenu un discours poignant lors de l'arrivée de la nouvelle immortelle Simone Veil à l'Académie française, le 18 mars 2010. Elle représente à ses yeux «la tradition même et la modernité incarnée», «une figure de proue en avance sur l'Histoire».

http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-et-reponse-de-m-jean-dormesson-1

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Simone Veil s’est éteinte le vendredi 30 juin 2017, a annoncé son fils, l’avocat Jean Veil. « Ma mère est morte ce matin à son domicile. Elle allait avoir 90 ans, le 13 juillet. »

Une « cérémonie d’obsèques officielles » aura lieu mercredi 5 juillet après-midi dans la cour des Invalides, à Paris, en présence du chef de l’Etat, Emmanuel Macron, qui prononcera un discours, a annoncé l’Elysée.

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En Simone Veil, la France perd une de ses plus éminentes figures.

Marquée par la douleur ineffaçable de la déportation, à laquelle elle survécut, mais où elle perdit ses parents et son frère, elle consacra sa vie aux plus nobles causes de la République. Les femmes, fil rouge de tous ses combats, particulièrement quand elle porta avec un courage inlassable la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, qui mit un terme à tant de situations inhumaines. La justice, comme magistrate, où elle défendit le sort des prisonniers, puis comme membre du Conseil constitutionnel. La santé et la protection sociale, sous les septennats de Valéry Giscard d’Estaing et de François Mitterrand, durant lesquels elle mena des réformes importantes. Elle défendit avec une énergie inépuisable l’Europe, en particulier comme députée puis Présidente du Parlement Européen.

Son humanisme intransigeant forgé par l’horreur des camps fit d’elle l’alliée constante des plus faibles et l’ennemie résolue de la moindre compromission politique avec l’extrême-droite. Elle portait haut ces valeurs comme membre de l’Académie française.

Elle travailla sans relâche pour la mémoire de la Shoah, avec gravité et dignité. En tant que première Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, elle fit comprendre à des générations de Français la singularité du génocide juif.

L’esprit de la Nation se nourrit de vies exemplaires. La vie de Simone Veil fut de celles-ci. Elle fit honneur à la France et nous montre ce que nous savons être lorsque nous livrons les combats de la liberté et du progrès.

La France en deuil exprime à Madame Simone Veil sa gratitude. Puisse son exemple inspirer longtemps nos compatriotes, qui y trouveront le meilleur de la France.

J'adresse à la famille de Simone Veil mes vives condoléances.







Simone Veil reste immortelle

Simone Veil est morte. La France se désole et s’étonne qu’elle ait pu mourir tant son image, malgré le temps qui passe, était restée inaltérable. Pourtant Simone Veil aurait pu mourir beaucoup plus tôt car elle avait été condamnée à mort, il y a soixante douze ans, par le nazisme. Elle était juive, elle avait seize ans, elle n’avait donc pas le droit de vivre aux yeux de ceux qui avaient planifié la solution finale pour pouvoir exterminer tout un peuple à une échelle industrielle.
Simone Veil aurait dû mourir, elle aurait pu mourir comme elle avait vu mourir ces femmes et ces enfants que l’on envoyait prendre des douches dont on ne revenait jamais. Elle aurait pu mourir, comme son père, comme son frère ou encore comme sa mère, de fatigue, de froid et d’épuisement sur le bord des chemins empruntés par des millions de déportés dans les marches de la mort.

Simone Veil n’est pas morte, elle a survécu, puis elle a fait mieux, elle a vécu et elle a choisi de consacrer au bien commun cette vie qu’elle avait gagnée contre le mal absolu à force de courage, de volonté, de ténacité et d’intelligence. Simone Veil n’est pas morte, elle s’est mariée, elle a fondé une famille, elle a travaillé, elle s’est engagée.

A une époque où les gouvernements français étaient encore des clubs politiques réservés aux hommes, elle est devenue ministre de Valéry Giscard d’Estaing et s’est imposée dans un combat qui a marqué l’Histoire de notre société. Elle ne s’est pas élevée contre un dogme ou des convictions religieuses qu’elle respectait profondément mais elle s’est levée pour combattre la souffrance et une souffrance qui lui était particulièrement insupportable, la souffrance silencieuse des femmes. Simone Veil, en effet, n’était pas une idéologue car elle avait payé du prix le plus élevé la folie des idéologues. Du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale, Simone Veil a simplement dit que la République ne pouvait pas continuer à fermer les yeux sur 300 000 avortements qui se pratiquaient chaque année clandestinement. Elle a simplement dit que la République ne pouvait plus accepter que des femmes meurent dans des souffrances abominables parce qu’elles n’avaient pas les moyens de prendre un avion et de se payer un séjour dans une clinique privée à l’étranger. Simone Veil a fait ce qu’elle croyait juste et même si elle a essuyé des insultes qui déshonoraient ceux qui les lui lançaient en pleine face, elle a su trouver une majorité qui allait au-delà des clivages politiques. Ce jour-là, elle a fait ce qu’elle considérait être son devoir. Rien de plus et ce fut sa grandeur.

Simone Veil s’est aussi engagée dans la vie politique pour défendre une idée, une idée qui lui paraissait plus grande qu’elle-même, plus importante que son propre destin politique dont elle n’a jamais fait un objectif. Cette idée, ce combat, c’était la construction européenne. Cette femme qui aurait pu entretenir à l’égard de l’Allemagne une méfiance instinctive et même un ressentiment inextinguible a été élue Présidente du Parlement Européen par des députés français et allemands. Simone Veil avait la conviction profonde, une conviction forgée par le drame de sa vie, -cette vie qui a donné le titre de son plus beau livre-, que seule la construction européenne permettrait au continent d’échapper aux démons de la guerre et de la haine et que sans une amitié franco-allemande sans faille, il n’y aurait de place ni pour la paix, ni pour l’Europe. Dans les années 1990, le retour de la guerre dans les Balkans, au cœur même du continent européen, fut pour elle comme un coup de semonce. Il rappelait que le combat pour une Europe politique, forte, efficace et gouvernée, était le seul rempart contre le retour du passé.

Simone Veil n’est pas morte car après s’être retirée de la vie politique, elle a consacré son énergie au devoir de mémoire. Mémoire des siens et mémoire de l’holocauste qui les avait dévorés. J’ai été heureux, comme une immense majorité de Français, de la voir entrer à l’Académie Française pour y devenir, là encore, une des rares immortelles de sa génération comme j’ai été fier, je l’avoue, d’obtenir une modification du code de la Légion d’Honneur pour qu’elle puisse être élevée à la dignité de Grand officier sans avoir reçu les grades inférieurs. La France de Claudel, de Racine et de Napoléon rendait hommage à cette femme qui, même dans les camps de la mort, n’avait jamais abdiqué et avait toujours défendu la dignité humaine en refusant de baisser les yeux. Simone Veil avait la dimension d’une femme d’Etat car son humanité ne lui interdisait jamais d’être, lorsque la situation l’exigeait, d’une très grande fermeté.

J’ai connu Simone Veil, j’ai admiré Simone Veil et je veux l’écrire ici, j’ai aimé Simone Veil dont l’amitié ne m’a jamais fait défaut. Son regard bleu pouvait exprimer l’autorité et même la colère mais il y brillait toujours une grande bonté et la lueur de l’espoir.

Simone Veil est partie rejoindre son mari Antoine avec lequel elle formait un couple hors du commun mais elle n’est pas morte car son action comme son souvenir obligent tous ceux qui l’ont admirée et aimée. En effet, ce souvenir aujourd’hui nous oblige, comme il oblige l’Europe qu’elle a servie à rester à la hauteur du témoignage de courage et de volonté qu’elle nous laisse.

Nicolas Sarkozy

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Simone Veil nous a quitté aujourd’hui rendons hommage à cette « figure universelle de la dignité humaine ».


Simone Veil était la mémoire du XXème siècle, de la tragédie de la Shoah, de la lutte pour les droits des femmes, de la construction Européenne. Rescapée des Camps de la Mort Nazis, elle aura toute sa vie menée le combat pour la connaissance de l’histoire, comme un rempart aux démons du racisme et de l’antisémitisme aujourd’hui. Marquée à jamais par la guerre, elle fut militante de la première heure et artisan décisif de la construction européenne comme instrument de paix. Plusieurs fois ministres, femme engagée entre toutes, elle fut à l’origine d’avancées considérables du droits des femmes, dont nous sommes redevables. Elle incarnait une certaine idée de la France et de l’Europe, de la liberté et d’un engagement total pour les droits de l’homme. Elle reste une figure universelle et un modèle pour des millions d’hommes et de femmes à travers le monde. Grande amie de l’UNESCO, elle était venue souvent contribuer aux débats sur le rôle de la culture et de l’éducation à porter les combats de la dignité humaine, de sa voix toujours décisive. Son héritage est immense.

Simone Veil, ancienne ministre, femme politique et académicienne française, est décédée le 30 juin 2017, à l’âge de 89 ans.

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Adieu, Madame Simone Veil

Madame Simone Veil qui s'est éteinte vendredi 30 juin 2017 à Paris, fut une des personnalités les plus marquantes de la seconde moitié du XXe siècle et une des amis les plus fidèles et les plus dévoués à la mission de transmission de la mémoire de la Shoah de Yad Vashem.

Simone Veil est née le 13 juillet 1927 à Nice, d'une famille d'israélites français. Son père avait reçu le prix de Rome d'architecture. Brillante élève, elle obtient l'autorisation de passer son baccalauréat à 16 ans, en mars 1944. Peu de temps après, la famille Veil est arrêtée à Nice et envoyée à Drancy. Simone, sa mère et sa sœur sont déportées à Auschwitz le 13 avril 1944 par le convoi 71. Son père et son frère sont déportés vers la Lituanie par le convoi 73 du 15 mai 1944. L'autre sœur de Simone, Denise Jacob, sera, quant à elle, arrêtée comme résistante et déportée au camp de Ravensbrück. Les trois sœurs seront les seules rescapées de la famille.

Non pratiquante,elle était néanmoins profondément juive :

"De mon père j'ai surtout retenu que son appartenance à la judéité était liée au savoir et à la culture que les Juifs ont acquis… Pour ma mère, il s'agissait davantage d'un attachement aux valeurs pour lesquelles, au long de leur longue et tragique histoire, les Juifs n'avaient cessé de lutter : la tolérance, le respect des droits de chacun et de toutes les identités, la solidarité. Tous deux sont morts en déportation, me laissant pour seul héritage ces valeurs humanistes que pour eux le judaïsme incarnait".

Après la guerre, Simone Veil mena une brillante carrière dans la magistrature puis comme ministre de la Santé, avant d'être élue première présidente du Parlement européen. Mais c'est surtout en tant que rescapée d'Auschwitz, ayant perdu la presque totalité de sa famille dans les camps, et ayant œuvré pour promouvoir la mémoire de la Shoah que nous nous souviendrons de Simone Veil. Son action pour l'éducation et la transmission de la mémoire de la Shoah et contre le négationnisme fut tout à fait déterminante lorsqu'elle fut nommée première présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

Devenue, au fil des ans, une autorité morale pour l'occident, elle avait mis en garde le monde contre le négationnisme et l'islamisme radical, en 2007, à la tribune de l'Assemblée Générale des Nations unies :

"En prétendant que la Shoah est un mensonge forgé par les Juifs pour justifier la création d’Israël, ils ont ouvert une brèche, pour justifier leur volonté de détruire l’Etat d’Israël. Ce négationnisme idéologique trouve un véritable écho auprès d’esprits ignorants et fanatisés, plus particulièrement parmi les jeunes, notamment grâce aux nouvelles technologies de communication. Ce qui s’est passé lors de la conférence des Nations Unies à Durban, en 2001, est édifiant : destinée à traiter des différentes formes du racisme, elle s’est transformée en un forum de haine à l’égard des Juifs, accompagné d’un déchaînement à l’encontre d’Israël, mais aussi des Etats-Unis et de l’Occident dans son ensemble".

Lorsque Yad Vashem a mis en ligne sa Base de données centrale des noms des victimes de la Shoah, elle avait fortement salué l'initiative :

"C'est une façon, à la fois, de maintenir le souvenir des victimes et de savoir qu'il y a des familles entières qui ont disparu. C'est très important pour les familles, c'est très important pour les historiens. Je dirais aussi que c'est tout à fait essentiel pour combattre ceux qui sont tentés de mettre en doute la réalité de la Shoah, son importance, le nombre de gens qui ont été tués… A partir du moment où ils sont identifiés de façon aussi précise, avec des photos, des indications de ce genre, le mensonge est évidemment impossible".

Madame Simone Veil qui s'est rendue de nombreuses fois à Yad Vashem pendant sa présidence de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, a toujours encouragé les nouveaux projets de l'Institut. C'est ainsi que la Fondation a apporté son soutien au nouveau Musée d'Histoire de la Shoah, notamment la partie consacrée à la Résistance. La Fondation a également soutenu le projet de collecte des noms des victimes de la Shoah. Une de ses actions les plus marquantes en France fut d'inciter, en 2007, le premier ministre Jacques Chirac, à honorer au Panthéon, les Justes parmi les Nations de France reconnus par Yad Vashem.

Après s'être retirée de la vie politique et de la présidence de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, elle continua néanmoins d'apporter son soutien à l'œuvre de mémoire de Yad Vashem. Un de ses fils, Maître Pierre-François Veil, a repris d'ailleurs le flambeau en assurant, depuis 2014, la présidence du Comité Français pour Yad Vashem.


Allocution de Simone Veil à Yad Vashem


Simone Veil fait une recherche sur la base de données des noms des victimes de la Shoah

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https://www.youtube.com/watch?v=_Ni7IGIMnAo



Plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne ont, eux aussi, rendu hommage à Simone Veil, morte, vendredi 30 juin, à l’âge de 89 ans. Ils ont salué son apport à la construction européenne, Madame Veil ayant été, en 1979, la première présidente du Parlement européen élue au suffrage universel direct.

Angela Merkel a ainsi honoré la mémoire d’une femme qui « s’est engagée pendant plusieurs décennies et avec beaucoup d’énergie dans le processus d’unification européenne »« Nous garderons également en mémoire son engagement infatigable et profondément humain pour les survivants de l’Holocauste, dont elle a partagé le destin », a souligné la chancelière dans un message de condoléances à la famille de cette rescapée des camps de la mort qui a très tôt plaidé pour la réconciliation franco-allemande.

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https://www.youtube.com/watch?v=-CvD6jC3BDc


Hommage du Président de la République à Simone Veil


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SEUL LE PRONONCE FAIT FOI

Cher Jean, cher Pierre-François, chers membres de la famille VEIL,
Messieurs les présidents,
Mesdames et messieurs les chefs de gouvernement,
Mesdames et messieurs en vos grades et qualités,
Votre nombre, vos qualités, votre présence, la présence de tant et tant de nos concitoyens qui sont là parmi nous, sont les témoignages vivants de l’importance de cet instant.
Au moment de rendre à Simone VEIL l’hommage de la nation, après les témoignages si puissants et poignants de ses deux fils, suspendons un instant le fil obligé des discours officiels et contemplons cette vie ? car elle ne cesse décidément de nous étonner.
Jamais nous n’en pourrons mesurer les souffrances ? si profondes, si violentes, de celles qui brisent une âme - qu’il s’agisse de la noire expérience des camps de la mort où moururent sa mère bien-aimée Yvonne, son père André, son frère Jean ; plus tard du décès accidentel de sa sœur Madeleine, compagne de déportation, et de son neveu Luc : de la mort trop précoce de son fils Claude-Nicolas ; enfin de la disparition d’Antoine, si présent aujourd'hui dans nos pensées, dans notre cœur, Antoine l’indispensable, Antoine toujours bouillonnant d’idées et d’histoires, si gai et au fond si solide.
Mais jamais non plus de cette vie nous pourrons peser exactement l’invincible ardeur, l’élan profond vers ce qui est juste et bien, et l’énergie inlassable à le faire triompher. Oui, cette vie de femme offre à notre regard des abîmes dont elle aurait dû ne pas revenir et des victoires éclatantes qu’aucune autre qu’elle n’aurait su remporter.
A ce mystère d’existence, de caractère, à ce mystère qui défie la raison commune et nous inspire tant de respect et de fascination, nous donnons en France un nom, bien ancré dans notre génie national. Ce nom c’est la grandeur. Cette grandeur est celle des combats qu’elle livra les uns après les autres, parfois les uns en même temps que les autres car ce ne furent ni plus ni moins que les combats du siècle.
Son engagement pour transférer en France sous statut de réfugiées politiques ces femmes qui subissaient dans les geôles françaises en Algérie le viol, la faim, les coups, fut d’une lucidité implacable, généreuse, qui aujourd'hui encore nous stupéfie. Sa bataille pour que cessent les conditions sordides et meurtrières dans lesquelles se déroulaient les avortements, mais aussi contre l’hypocrisie sociale qui les favorisaient fait partie pleinement de l’histoire de notre modernité.
Son combat pour l’Europe ne datait pas de son élection comme députée au Parlement européen, puis comme première Présidente de celui-ci. Il remontait plus loin, dans l’intimité même de son existence. Il datait de 1945. Les plaies de la déportation n’étaient pas refermées mais cela ne l’empêchait pas de vouloir renouer avec l’Allemagne.
Un de ses proches m’a fait cette confidence : jamais il n’entendit Simone VEIL prononcer sur l’Allemagne et les Allemands la moindre parole amère ou blessante. Elle aima l’Europe, elle la défendit toujours. Dans les moments où le pays pouvait douter, ou d’autres la critiquait, elle était là. Parce qu’elle savait qu’au cœur de ce rêve européen, il y avait avant tout ce rêve de paix et de liberté pour lequel elle s’est tant battue.
Elle ne fit pourtant pas de l’oubli et encore moins du pardon aux bourreaux la condition de cette réconciliation. Bien au contraire. Parce qu’elle tenait que la mémoire est là pour que l’inconcevable ne se reproduise pas, et non pour amoindrir l’horreur. Je vois ici, dans cette cour, tant et tant de compagnons de ses combats menés durant tant d’années alors que trop nombreux étaient ceux qui étaient prêts à ne rien dire. Comme présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, elle observa cette ligne d’une exigence totale. Ne rien céder à l’oubli, redonner corps à toute trace, redonner des visages et des noms et réconcilier.
D’autres combats – ils sont si nombreux – nous reviennent à l’esprit comme celui pour la ratification de la déclaration universelle des droits de l’homme à la tribune des Nations Unies, celui de la protection sociale, ses combats de ministre aux côtés de Valéry GISCARD D'ESTAING, Jacques CHIRAC, François MITTERRAND et Edouard BALLADUR, celui des droits de l’homme en Yougoslavie et partout, toujours, sa lutte pour les femmes, son engagement contre le racisme, contre l’antisémitisme. Les temps, hélas, lui fournirent bien des raisons de s’engager avec force.
Mais il y a plus encore. Ces combats, elle les mena bien souvent avant que la société et les mœurs ne les aient faits leurs, avant que la majorité ne les ait adoptés. Elle eut raison bien souvent avant l’opinion commune et souvent contre elle. Simone VEIL fut cet éclaireur de la République qui monte seul à l’assaut de Bastille réputées imprenables et qui, pourtant, les prend, pour ensuite nous les offrir en partage, à nous qui n’avions pas cru que cela serait possible, ou qui par indifférence parfois avions permis que le scandale prospère.
Aujourd’hui, la République s’enorgueillit d’avoir livré ces combats. Mais avons-nous toujours été justes avec cette Juste ? Le salaire de son courage, ce fut souvent la haine venimeuse des uns, les injures exécrables des autres. De cela elle fut blessée, mais jamais abattue. Elle tenait tête, car elle savait la solitude des pionniers, le sort cruel qu’on réserve à ceux qui bousculent l’ordre établi et dérangent l’assoupissement général. La victoire était à ce prix car la victoire, en vérité, n’avait pas de prix.
La liberté aussi était à ce prix et Simone VEIL l’avait résolument choisie. Elle sut se tenir aux marges, dans cette insoumission intraitable et vigilante qui, lorsqu’elle se met en action, obtient les plus belles conquêtes et change ce qui se croyait établi pour toujours. Mais d’où lui venait cette force, cette volonté toujours de se battre pour des causes justes ? Quelle fut cette boussole intérieure qui toujours lui indiquait le chemin vrai ? Comment se fait-il que jamais elle ne se trompa de combat ?
A cela, chacun apportera sa réponse selon ce qu’il eut à connaître d’elle. Je crois, pour ma part, que le secret s’en trouve dans son expérience si précoce et si radicale de l’arbitraire et du Mal.
De cela, elle tira presque aussitôt une morale de vie inaltérable. La souffrance ne donne qu’un droit : celui de défendre le droit de l’autre. Tel était son absolu, né de sa douleur intime ineffaçable : aider, protéger l’autre, en particulier les plus faibles.
Nous le savons elle eut souvent la dent dure avec les plus puissants. Mais elle fut toujours tendre avec les faibles. Elle ne défendit pas les femmes parce qu’elles étaient femmes, mais parce qu’elles étaient humiliées par la puissance des hommes.
Combien il reste à faire à cet égard comme à tant d’autres ! Comme nous avons encore besoin de cette capacité de colère et d’action qui jusqu’au bout l’animèrent !
Car, ne nous y trompons pas, les combats de Simone VEIL ne sont pas des victoires acquises pour toujours, ce qui les a fait naitre ressurgit sans cesse, ici ou ailleurs, aujourd’hui malheureusement dans trop d’endroits en Europe et au cœur de nos sociétés.
Intolérance, sectarisme, haine fanatique ou doctrinaire, extrémismes avançant sous le masque d’un populisme débonnaire, compromissions de toutes sortes avec ce qui piétine notre humanité restent des braises ardentes prêtes à rallumer les pires embrasements.
La détermination inexorable de Simone VEIL à faire prévaloir en tout l’humain, est ici notre cap.
Son humanité, du reste, n’était pas réservée à la sphère publique. Elle irriguait son intimité à l’égard de son époux, de ses fils, de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants.
Aux lettres si nombreuses qu’elle recevait où des correspondants lointains exprimaient leur détresse ou leur solitude, elle répondait avec attention. Parfois, dit-on, cela irritait un peu Antoine. Elle employait pour cela une langue française de grande élégance que nourrissait sa vive passion pour la littérature française, ce goût inculqué dès l’enfance par son père. Il eût été si fier de voir sa fille accueillie à l’Académie Française.
Lorsqu’une vie se consacre à la justice, et singulièrement à la justice pour les plus faibles, les plus exposés, les plus humiliés ; lorsque cette vie est nourrie par une bienveillance sans partage à l’égard de cette humanité dont pourtant elle a vu la face la plus hideuse ; et lorsque cette vie choisit de se construire sous l’égide de la République, c’est la France qui en est grandie.
Vous avez, Madame, prodigué à notre vieille Nation des dons qui l’ont faite meilleure et plus belle. Vous avez jeté dans nos vies cette lumière qui était en vous et que rien ni personne n’a pu jamais vous ôter. Les Français l’ont su, l’ont compris. Votre grandeur fit la nôtre.
Aussi, ce n’est pas seulement l’hommage de la Nation qu’en ce jour endeuillé nous vous présentons. C’est la France et l’Europe tout entière qui sont là témoignant de vos combats.
Et au moment où vous nous quittez, je vous prie, Madame, de recevoir l’immense remerciement du peuple français à l’un de ses enfants tant aimés, dont l’exemple, lui, ne nous quittera jamais.
C’est pourquoi j’ai décidé, en accord avec sa famille, que Simone VEIL reposerait avec son époux au Panthéon.
https://www.youtube.com/watch?v=eAYkJHt60hg
http://www.elysee.fr/videos/new-video-10/
https://www.dailymotion.com/video/x5slhpk
https://www.youtube.com/watch?v=UyViReIewSw
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Les deux fils de Simone Veil Jean et Pierre-François ont rendu hommage à leur mère dans la cour des Invalides lors des obsèques nationales qui se sont tenues ce mercredi matin. Avec solennité et émotion, ils ont salué la femme rescapée d'Auschwitz et la mère. 
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Jean Veil :
"Maman, Maman.
Ta beauté se doublait d'une extrême réserve de comportement, particulièrement saisissante dans un environnement où prévalait la décontraction de la jeunesse. Tes yeux pers, dans un visage éclairé, reflétaient le vécu d'une tragédie indélébile. Il y avait en toi, déjà, cet ineffable miracle de charme qui n'a jamais disparu. Ainsi papa te décrit-il si justement en deux phrases synthétiques qui soulignent ton caractère et ta beauté lorsqu'il te croisa à l'automne 1945.
Tu ne m'en voudras pas de ne pas évoquer ta carrière professionnelle et politique qui appartient aujourd'hui à l'histoire, je laisse cela à monsieur le président de la République que je remercie de sa présence, et à qui il reviendra dans quelques instants de dire ce que tu as fait pour la France, et le cas échéant pour l'Europe. Pour ma part, et avant Pierre-François, je voudrais te remercier de ce qu'ont été nos relations depuis soixante-dix ans.
Très tôt, me semble-t-il, j'ai pris conscience du vécu de ce que papa nomme une 'tragédie indélébile'. L'absence remarquable de grands-parents ne pouvait qu'attirer l'attention et susciter mes questions, auxquelles tu répondais toujours simplement et de manière de plus en plus détaillée au fil des années.
Avant l'âge de 10 ans, je connaissais le nom d'Auschwitz et le sort des juifs que les nazis leur réservaient dans les camps. Il est vrai que quelques années auparavant, j'étais rentré en larmes de l'école maternelle. Interrogé par toi, je t'avais fait observer quelle chance nous avions de ne pas être protestants, malheureuses victimes des massacres de la Saint-Barthélémy. A l'époque, rien n'était dit dans les écoles à propos de la Shoah et tu as dû y suppléer.
"Le tri par Mengele"
Et puis nous t'avons accompagnée à l'occasion de tes réunions avec les anciens de Bobrek, ce commando hors du camp d'Auschwitz où tu as travaillé quelques mois à la fin de l'année 1944. Je n'ai pas oublié vos conversations à l'occasion desquelles vous parliez enfin librement de ce que les autres ne voulaient pas entendre, soit pour les uns parce que ça les gênait ou les ennuyait, soit pour vos proches parce que vos épreuves et vos souffrances leur étaient proprement insupportables. C'est ainsi que nous fîmes la connaissance de tes camarades, comme vous dites entre vous, Marceline Loridan, Paul Schaffer, Ginette Kolinka, qui sont ici, ainsi que [...] d'autres miraculés.
Et puis, il y eut ce voyage à Auschwitz-Birkenau en décembre 2004. Toi, deux de tes fils et les plus âgés de tes petits-enfants. Nicolas n'avait pas eu envie de venir. Tu nous montras le camp des hommes et celui des femmes, tu nous indiquas les emplacements de l'hôtel, celui des chambres à gaz et des fours crématoires…
Tu nous expliquas le voyage dans les wagons à bestiaux avec les pleurs des enfants, l'arrivée sur la rampe, la terreur provoquée par la violence gratuite des SS, le tri par Mengele [le médecin officier SS qui effectuait la 'sélection' à l'arrivée dans le camp entre ceux qu'il jugeait 'inaptes' au travail et les autres, NDLR], la tonte des cheveux, le tatouage des numéros faisant de vous des 'stücks' [morceau, pièce comptable, terme utilisé dans les camps par les nazis pour désigner les détenus], le manque de sommeil, la faim, le froid, la promiscuité, la saleté, l'odeur pestilentielle des corps qui brûlent, les cendres noires rejetées par les fumées des fours crématoires, les latrines communes, seuls lieux de quiétude car désertées par les SS du fait de l'effroyable puanteur des lieux, le travail des Sonderkommandos, l'arrivée des 450.000 juifs hongrois, au printemps 1944, assassinés avant même d'entrer dans le camp...
Tu nous fis les honneurs de ton block, baraque qui n'a pas été détruite et tu nous montras la coya, ces chalets de trois étages constitués de planches de bois disjointes où vous pouviez à quatre ou cinq essayer de vous agglutiner pour tenter de vous assoupir entre les trop fréquents appels nocturnes.
Tu nous avais déjà raconté les marches de la mort et la mort de ta mère que tu adorais, et que tu n'as pas revue en rentrant des travaux forcés.  
"Des leçons pour la vie"
Rappelant cela, on comprend pourquoi papa résumait avec l'extrême pudeur qui était la sienne la réserve de ton comportement et ton regard, comme les stigmates d'un vécu, d'une 'tragédie indélébile'.
Non tu ne pouvais pas être comme les autres étudiants de Sciences Po, toi qui avais appris en rentrant des camps que tu avais été reçue au bacho, dont tu avais passé les épreuves la veille de ton arrestation à Nice, en mars 1944. Et tu nous as maintes fois dit que tu avais le sentiment d'avoir été obligée de réapprendre à lire en rentrant des camps, tant la tentative délibérée permanente et savamment organisée de déshumaniser les déportés était efficace.
De cette tragédie, tu as tiré des leçons pour la vie.
Des camps, tu avais gardé l'horreur de la promiscuité et de toute familiarité.
Malgré un scepticisme absolu sur le comportement des humains, tu as gardé une bienveillante énergie pour aider en toutes circonstances celles et ceux qui souffrent. Et nous t'avons vue, magistrat à la Chancellerie comme ministre, tenter de résoudre, souvent avec succès, nombre de problèmes individuels.
De cette expérience, tu as appris à faire le tri entre l'essentiel et l'accessoire. Tant d'anecdotes et d'attitudes le montrent. C'est ainsi que tu attachais moins d'importance à nos résultats scolaires en dents de scie qu'à l'éthique de nos comportements ou à la qualité de nos réactions ou de nos opinions, dont nous devions toujours justifier.
Tu as toujours rejeté les idées convenues et j'ai en permanence été frappé par ton inégalable et si rassurant bon sens.
Ton goût pour le débat, dont nous savons qu'il te conduisait à affronter ton père, s'est poursuivi tout au long de ta vie, non seulement dans la vie publique mais aussi dans la sphère privée, y compris de ta famille.
Ton caractère - certains diraient inexactement ton mauvais caractère - est célèbre et redouté. Je pense que ce caractère - il paraît que Pierre-François et moi en avons hérité -, je dirais plutôt cette détermination, constitue la trame de l'armure qui t'a permis de survivre à l'enfer. Chacun de nous a pu constater la rapidité avec laquelle l'extraordinaire regard qui était le tien, et que papa aimait tant, pouvait passer de la bienveillance à la fureur, puis de la colère à l'affection la plus douce. Tu admettais parfois que tu étais soupe au lait. Aujourd'hui, je veux te dire que je te pardonne d'avoir renversé sur ma tête, alors que nous étions à table, l'eau de la carafe, sous prétexte que j'aurais tenu des propos que tu trouvais misogynes. Je t'aime, Maman."
https://www.youtube.com/watch?v=SxatLq2vtEQ

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Pierre-François Veil :
"On ne s'y fait jamais. Pourtant mon frère Jean et moi, lui surtout, nous ne sommes plus si jeunes. A nos âges le plus souvent, on a déjà pris sa retraite, parfois depuis longtemps. Et nous avions subi une terrible alerte il y a déjà quatre ans à la disparition de notre père Antoine, l'homme de ta vie, ton compagnon, ton indéfectible soutien et partenaire pendant soixante-sept ans. Mais on n'y croit jamais vraiment. Et puis nous avions une excuse. Le 18 mars 2010, au moment de te recevoir au 13e fauteuil, celui de Racine, l'auteur préféré de ton père André Jacob, Jean d'Ormesson, avait osé te susurrer, Maman, baissant la voix pour mieux se faire entendre : "Nous vous aimons, Madame."
Ce jour-là, sous la coupole, sots que nous étions, emportés par l'émotion, nous avions fini par te croire vraiment immortelle. Mais ainsi que le dit l'Ecclésiaste, il y a un temps pour tout. Et finalement, le temps est venu, pour toi aussi, de te retirer avec ton calme, ta douceur et ta délicatesse, presque sur la pointe des pieds. Et pour nous, le temps de pleurer.
Maman que j'aime. Le hasard de la naissance, ou plutôt la fortune, m'avait accordé le privilège d'être le benjamin de tes trois fils, celui qui pouvait espérer rester le plus tardivement sur tes genoux, mon fauteuil préféré. Comme tu avais usé de ce même stratagème avec ta propre mère, notre grand-mère, Yvonne Jacob, ton modèle de droiture, de tolérance et d'humanité dont les survivants, qui l'avaient connue, se souvenaient que jusqu'à dans l'enfer de Birkenau, ils avaient continué de l'appeler, avec respect, Mme Jacob, tant elle portait encore de dignité, alors que pourtant, un matricule tatoué sur le bras gauche était devenu votre seule identité.
Mais les circonstances en ont décidé autrement, et tu es devenue, en un peu plus de quarante ans, la mère de tant de Françaises et de Français, qui t'ont choisie, j'allais dire adoptée, pour seconde mère… Bien sûr, nous n'oublions pas, nous n'oublierons jamais, le bruit et la fureur des insultes  et des outrages proférés sans retenue, durant ces difficiles semaines…
Aujourd'hui, ce bruit et cette fureur ont été depuis longtemps magnifiquement balayés par la reconnaissance et l'affection respectueuse que te manifeste le pays tout entier. Au fil des années, nous avons appris à te partager, avec des proches et des moins proches et même des inconnus, des millions d'inconnus. Nous avons même appris à apprécier cette familiarité, certes respectueuse, mais qui irritait tout de même un peu notre père, en même temps qu'elle le remplissait de fierté et de bonheur… Cette familiarité donc, avec laquelle nos interlocuteurs, parfois de simples passants dans la rue, s'autorisaient ton prénom, comme s'ils avaient, eux aussi, sauté sur tes genoux.
Enfin, depuis vendredi, dans la peine et le chagrin, nous sommes devenus les témoins prévenus mais tout de même ébahis, d'un pays en deuil, presque apaisé sinon un instant réconcilié, comme pour honorer les valeurs d'humanité et d'universalité à la source de tous tes combats, et d'abord de celui de la réconciliation, pour une Europe de paix, une Europe de liberté, une Europe de solidarité et de projets partagés.
Cet hommage national, pour lequel nous vous remercions, monsieur le président de la République, en présence de vos prédécesseurs, y compris du président Chirac, que nous savons présent par la pensée, cet hommage, cet hommage est ton ultime victoire sur les camps de la mort et cette nuit de mars 1945, peut-être celle du 18 au 19 mars, à Bergen-Belsen, lorsqu'avant même ton retour de la corvée de travail, sous les yeux désemparés de Milou, ta sœur, les kapos ont repris le corps épuisé et sans vie de votre mère, notre grand-mère, pour le jeter à la fosse commune des 6 millions de corps et de cendres, qui recouvrent à jamais notre histoire.
Les dizaines, les centaines, les milliers de témoignages de respect et d'affection reçus ces derniers jours sont autant de rayons de soleil, d'éclats de lumière, d'instants de bonheur, en définitive, de raisons pour nous, tes enfants et tes petits-enfants de dire tout haut, au pays tout entier, clair et fort, mais aussi avec toute notre émotion, notre affection et notre profonde reconnaissance, en ce moment solennel, ce dernier mot que tu as prononcé, faiblement mais si distinctement, avant de t'endormir pour retrouver papa pour toujours, ce dernier mot : 'Merci'."
https://www.youtube.com/watch?v=nXdbeK-E4KU
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https://www.youtube.com/watch?v=UyViReIewSw

Deux des petites-filles de Simone Veil Valentine et Deborah, témoignent de la grandeur de leur grand-mère, Simone Veil, et de son empreinte sur la société française. 

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Que retenir de Simone Veil ? « Sa bienveillance, sa liberté et son intransigeance », pour Déborah. "Courage, détermination, pudeur », pour Valentine. Une femme impressionnante, certes."



https://www.youtube.com/watch?v=b8yxTeexprI


Et puis, le Panthéon...

Simone Veil disait : "Le Panthéon,c'est la nation"



"Simone Veil reposera avec son époux au Panthéon"


Simone et Antoine Veil sont le troisième couple qui reposera au Panthéon, non loin de Jean Moulin et du fondateur de l'Europe, Jean Monnet.

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Applaudissements longs et nourris dans la cour d’honneur des Invalides, ce mercredi 5 juillet 2017 à Paris. Emmanuel Macron vient d’annoncer, en conclusion de son éloge funèbre, que Simone Veil reposerait au Panthéon « avec son époux ». Une décision prise, « en accord avec sa famille », afin de témoigner de « l’immense remerciement du peuple français à l’un de ses enfants tant aimés, dont l’exemple, lui, ne nous quittera jamais », a déclaré le chef de l’Etat, lors de l’hommage national rendu à cette grande figure de la vie politique française et rescapée de la Shoah, morte vendredi à l’âge de 89 ans.

Simone Veil sera la cinquième femme à reposer au Panthéon, ce temple républicain qui proclame sur son fronton : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». Quant à Antoine Veil, il sera admis avec elle en sa qualité d’époux.

https://www.dailymotion.com/video/x5skmje

ou

https://www.youtube.com/watch?v=Uf_Ag4AaXag


"Maman n'a jamais pensé qu'elle serait au Panthéon. Le seul dans le couple à imaginer que Maman pourrait rentrer au Panthéon, c'était notre père", a témoigné Jean Veil, l'aîné des trois fils de Simone et Antoine Veil. "Il nous avait dit, sous forme de boutade, que ce serait bien d'avoir un lit à deux places, et qu'il n'était pas question, après 67 ans de vie commune, qu'on les sépare"


De nombreux responsables politiques de tous bord, mais aussi plusieurs pétitions d’anonymes avaient demandé que celle qui fut membre du Conseil constitutionnel puis de l’Académie française, soit accueillie parmi les « grands hommes ».

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Le Panthéon dessiné par l’architecte Germain Soufflot, sous l’impulsion du roi Louis XV, en 1764, devait d’abord être une église dédiée à Sainte-Geneviève, patronne de Paris. Mais en 1791, sous la Révolution française, l’Assemblée nationale a décidé d’en faire un temple laïc, baptisé « Panthéon », en référence aux dieux grecs, pour honorer la mémoire des nouveaux héros de la Patrie. Le Panthéon était alors l’équivalent républicain de la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France.


Au fil des soubresauts politiques du XIXe siècle, le Panthéon est redevenu une église ou un temple, avant de retrouver sa fonction première en 1885 pour les funérailles de l’écrivain Victor Hugo. Un décret précise alors que « le Panthéon est rendu à sa destination primitive et légale. Les restes des grands hommes qui ont mérité la reconnaissance nationale y seront déposés. »

Mirabeau fut le premier à y entrer en 1791, mais aussi à en sortir, victime de disgrâce. Marat, Lepeletier et Dampierre ont aussi subi le même sort, contrairement aux philosophes Voltaire ou Rousseau. Plus de la moitié des 77 « grands hommes » entrés au Panthéon l’ont été sous l’empire napoléonien, entre 1806 et 1815, pour la plupart des militaires et des dignitaires, aujourd’hui peu connus.

A partir de la IIIe République sont honorés de grandes figures politiques (Sadi Carnot, Jean Jaurès, Léon Gambetta), des écrivains (Victor Hugo, Emile Zola, puis André Malraux et Alexandre Dumas sous la Ve République), des scientifiques (Marcellin Berthelot, Paul Painlevé, puis Pierre et Marie Curie), puis, plus récemment, des résistants.

Si Sophie Berthelot a été inhumée aux côtés de son mari en 1907, ce n’est qu’en 1995 qu’une femme est entrée au Panthéon en reconnaissance de son travail. Il s’agit de la scientifique Marie Curie, double prix Nobel. Elle a été rejointe en 2015 par deux femmes résistantes, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz.
   
A l’origine, c’est l’Assemblée constituante qui a pris la première décision d’inhumer une personnalité au Panthéon, puis la Convention, a pris le relais en 1794. Napoléon Ier s’est ensuite arrogé ce droit sous l’empire, avant que le choix revienne à nouveau aux députés, à partir de 1885. Depuis, cette prérogative revient au président de la République. 

Encore faut-il que la personne elle-même ou ses héritiers ne s’opposent pas à une entrée au Panthéon. Ainsi, le général de Gaulle avait précisé qu’il ne souhaitait pas y être inhumé, et les héritiers d’Albert Camus n’ont pas souhaité que l’écrivain soit honoré par Nicolas Sarkozy en 2009. Il est aussi possible d’être panthéonisé sans être inhumé dans la crypte : c’est le cas d’Aimé Césaire, inhumé à Fort-de-France (Martinique), à qui l’on a consacré une fresque et une plaque dans le monument parisien. Les Justes, qui ont sauvé des juifs pendant l’Occupation, ont été collectivement honorés en 2007, avec un discours émouvant de Simone Veil.
  
Simone Veil, déjà distinguée de son vivant par la Légion d’honneur et par l’Académie française, a fait l’objet d’obsèques nationales, une cérémonie peu fréquente. A plusieurs égards, le profil de cette femme politique qui a incarné l’histoire de la deuxième moitié du XXe siècle correspond à des valeurs que défend le nouveau chef de l’Etat Emmanuel Macron : « Simone Veil n’est ni de droite ni de gauche, puisqu’elle a été ministre centriste, c’est une européenne convaincue, une ancienne déportée et une combattante pour l’IVG, qui marque une étape dans le droit des femmes », estime l’historien Patrick Garcia.

Alors que les appels à la panthéonisation se multipliaient, deux petites-filles de Simone Veil avaient d’abord rétorqué que ce n’était « pas à l’ordre du jour » pour ne pas la séparer de son mari, Antoine Veil, inhumé au cimetière du Montparnasse, à Paris. Transférer les dépouilles du couple permet de répondre au souhait de la famille.

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Le 5 juillet dernier, lorsque j’ai annoncé, à l’issue de l’hommage qui lui était rendu dans la Cour des Invalides, que Simone VEIL reposerait au Panthéon au côté de son époux, cette décision ne fut pas seulement la mienne.
Ce ne fut pas non plus celle de sa famille qui, cependant, y consentit.
Cette décision fut celle de tous les Français.
C’est intensément, tacitement, ce que toutes les Françaises et tous les Français souhaitaient.
Car la France aime Simone VEIL.
Elle l’aime dans ses combats, toujours juste, toujours nécessaire, toujours animée par le souci des plus fragiles où elle s’engagea avec une force de caractère peu commune.
La France l’aime plus encore parce qu’elle a compris d’où lui venait cette force mise au service d’une humanité plus digne.
Ce n’est que tardivement, lorsque Simone VEIL passé 50 ans que la France découvrit que les racines de son engagement plongeaient dans la noirceur absolue, innommable des camps de la mort. C'est là qu'elle trouva en elle pour survivre cette part profonde, secrète, inaliénable qu'on appelle dignité. C'est là que malgré les malheurs et les deuils, elle conçut la certitude qu'à la fin, l'humanité l'emporte sur la barbarie.
Toute sa vie fut l'illustration de cet invincible espoir. Nous avons voulu que Simone VEIL entre au Panthéon sans attendre que passent les générations, comme nous en avions pris l'habitude, pour que ses combats, sa dignité, son espérance restent une boussole dans les temps troublés que nous traversons.
Parce qu'elle a connu le pire du XXème siècle et s'est pourtant battue pour le rendre meilleur, Simone VEIL reposera avec son époux dans le 6ème caveau.
Elle y rejoindra quatre grands personnages de notre histoire : René CASSIN, Jean MOULIN, Jean MONNET et André MALRAUX. Ils furent comme elle des maîtres d'espérance. Comme eux Simone VEIL s'est battue contre les préjugés, l'isolement, contre les démons de la résignation ou de l'indifférence sans rien céder, parce qu'elle savait ce qu’était la France.
Comme eux, elle a bravé l'hostilité, agi en précurseur, embrassé des causes qu'on croyait perdues pour rester fidèle à l'idée qu'elle se faisait de la République et à l'espoir qu'elle plaçait en elle.
Il est beau aujourd’hui que cette femme rejoigne en ce lieu la confrérie d'honneur à laquelle, par l'esprit, par les valeurs, elle appartient de plein droit et dont elle eut toute sa vie les combats en partage.
Comme René CASSIN, Simone VEIL s'est battue pour la justice.
En 1948, CASSIN avait fait ratifier par l'Assemblée générale des Nations unies la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Simone VEIL savait cependant que dans ce noble combat des droits humains, la moitié de l'humanité continuait obstinément d'être oubliée : les femmes.
Elle avait vu leur soumission et leurs humiliations, elle-même avait affronté des inégalités qu'elle jugeait absurdes, dépassées. Alors elle se bâtit pour que justice soit faite aux femmes, à toutes les femmes.
Justice pour les femmes détenues dans des conditions indignes, qu'elle s'efforça quand elle était magistrate d'améliorer, justice pour les femmes, leur indépendance financière, leur autonomie conjugale, leur égalité dans l'autorité parentale.
Justice pour que leur qualités et talents soient reconnus et utilisés dans tous les domaines.
Pour les femmes meurtries dans leur chair, dans leur âme, par les faiseuses d'anges, pour les femmes qui devaient cacher leur détresse ou la honte, et qu'elle arracha à leur souffrance en portant avec une force admirable le projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse, à la demande du président Valéry GISCARD D’ESTAING et avec le soutien du Premier ministre Jacques CHIRAC.
Justice pour les femmes incertaines de leurs droits et de leur place dans la société, pour les femmes reléguées par les lois, les clichés, les conventions. Justice pour toutes ces femmes qui, partout dans le monde, sont martyrisées, violentées, vendues, mutilées.
Avec Simone VEIL entrent ici ces générations de femmes qui ont fait la France, sans que la nation leur offre la reconnaissance et la liberté qui leur était due. Qu’aujourd’hui par elle, justice leur soit à toutes rendue.
Et qu’en ce jour, nos pensées aillent plus particulièrement à l’une d’elles, à une femme résolue, forte, douce qui, dans les conditions indicibles des camps de la mort soutint ses deux filles de toute la force de son amour. Elle aurait désiré pour elle une vie d’insouciance, mais pendant de longs mois, son destin tragique voulut que le spectacle de leur souffrance ajoutât à la sienne, jusqu’à son épuisement final, jusqu’à sa mort.
Je salue ici la mémoire de la mère tant aimée de Simone VEIL, Madame Yvonne JACOB, née STEINMETZ, morte à Bergen-Belsen au mois de mars 1945, dont l’exemple inspira le combat de Simone VEIL pour les femmes.
Comme Jean MONNET, Simone VEIL s’est battue pour la paix et, donc, pour l’Europe.
Elle qui avait vécu l’indicible expérience de la sauvagerie et de l’arbitraire savait que seul le dialogue et la concorde entre les peuples empêcheraient qu’Auschwitz ne renaisse sur les cendres froides de ses victimes.
Elle se fit combattante de la paix, elle se fit combattante de l’Europe. Elle voulut l’Europe par réalisme, non par idéalisme ; par expérience, non par idéologie ; par lucidité, non par naïveté.
Elle n’était pas tendre pour les fadeurs iréniques et les complications technocratiques qui, parfois devenait le visage de cette Europe, car elle était de cette génération pour laquelle, notre Europe n’était ni un héritage ni une contrainte, mais une conquête de chaque jour.
Comme parlementaire, comme présidente du Parlement européen, comme citoyenne engagée, elle ne cessa d’en raviver la flamme originelle et d’en incarner l’esprit fondateur.
Jean MONNET disait que l’Europe serait la somme des solutions à porter à ces crises. Nous devons à Simone VEIL de ne pas laisser les doutes et les crises qui frappent l’Europe atténuer la victoire éclatante que depuis 70 ans, nous avons remportée sur les déchirements et les errances des siècles passés.
Rien ne serait pire que renoncer à l’espoir qui a fait naître l’Europe des ruines où elle s’était ensevelie et où elle aurait pu périr.
Nous sommes aujourd’hui les dépositaires de ce défi aux vieilles nations qu’elle ne cessa de vivifier. Ce défi est le nôtre, celui de la jeunesse de France et d’Europe, alors que les vents mauvais à nouveau se lèvent. Il est notre plus bel horizon.
Comme André MALRAUX, Simone VEIL s’est battue pour la civilisation.
Née avant la guerre, dans une civilisation qui se croyait encore immortelle, elle en vit l’effondrement rapide et cruel. Elle vit les repères moraux de l’humanité disparaître. Elle vit des S.S martyriser le jour des enfants dans les camps, avant de retrouver les leurs le soir venu autour de la tablée familiale.
Elle savait dans sa chair qu’Auschwitz avait bouleversé durablement l’idée même de civilisation. Elle partageait avec MALRAUX le triste constat qu’il n’y avait plus de « signification de l’homme » et plus de « signification du monde ». Mais elle savait aussi qu’on pouvait rebâtir une civilisation nouvelle.
Eprise d’art et de littérature, elle continua de croire que la culture grandit l’homme et l’éclaire sur son destin. Elle reposera à quelques mètres de son cher Jean RACINE, que son père André JACOB avait si bien su lui faire aimer, qui est enterré en l’église Saint-Etienne-du-Mont, dont elle occupa le fauteuil à l’Académie française.
Œuvrant pour l’éducation, la réhabilitation des prisonniers ou comme ministre, pour la protection des plus fragiles, elle savait que les civilisations se tissent de ces liens organiques, de ces mille fils invisibles.
Engagée dans l’amitié entre les peuples européens, elle le fut aussi dans le dialogue entre Israéliens et Palestiniens, parce que l’humanité ne s’arrête pas à nos frontières.
Elle croyait en ce destin commun qu’on appelle nation, et dans cette aventure exaltante qu’on appelle civilisation, elle savait que chaque jour qui passe est un nouveau combat contre la barbarie.
Comme Jean MOULIN, Simone VEIL s’est battue pour que la France reste fidèle à elle-même.
Trahie par un Etat français qui pactisait avec l’occupant nazi, elle aurait pu retourner contre son pays la douleur de son épreuve et de ses deuils, elle n’en fit rien.
Et lorsqu’elle décida de témoigner de sa déportation, ce fut d’abord pour rendre hommage aux Justes de France. Elle se leva contre ceux qui dressaient le portrait d’une France gagnée par les délires antisémites de HITLER, de PETAIN et de LAVAL, pour rappeler le courage inouï et spontané de ces familles françaises qui, au péril de leur vie, avaient caché des enfants juifs, les sauvant de la persécution et d’une mort atroce.
Elle rappela ce temps où des Français fournissaient à leurs concitoyens juifs des faux papiers et des certificats de travail. C’était le temps où l’archevêque de Toulouse, Monseigneur SALIEGE, appelait à l’asile dans les églises, c’était le temps où des pasteurs célébraient secrètement Pourim dans leur temple.C’était le temps où des solidarités souterraines maintenaient la fraternité française.
A gauche du caveau numéro 6, sur le mur de la crypte sont inscrits les noms des Justes.
En ce temps-là, la France restait aussi la France parce que des hommes et des femmes abandonnaient tout pour grossir les rangs de l’armée des ombres. Alors le général DE GAULLE chargeait Jean MOULIN d’organiser la résistance.
C’est pour cette France-là, pour la vraie France, contre la France défigurée dont les collabos exilés continuaient de défendre les crimes que Simone VEIL un jour décida de témoigner.
La France, grâce à elle et quelques autres, regarda en face ce qu’elle n’avait pas voulu voir, ce qu’elle n’avait pas voulu entendre, ce qu’elle avait tant voulu oublier et qui, pourtant, était une partie d’elle-même. Elle comprit que la nation ne doit pas redouter la mémoire blessée de ses fils et de ses filles meurtris, mais l’accueillir et la faire sienne.
Jamais Simone VEIL n’accepta qu’on la décore pour avoir été déportée, et pas davantage elle n’accepta qu’émerge une rivalité des mémoires. La réalité des chambres à gaz et des fours crématoires des camps d’extermination, instruments du crime contre l’humanité, n’atténue en rien l’héroïsme des résistants torturés, fusillés, déportés.
Mais il existe une vérité de l’histoire et la vérité du martyre juif fait aujourd’hui partie intégrante de l’histoire de France, comme en fait partie l’épopée de la Résistance.
Simone VEIL reposera au côté de Jean MOULIN, le héros de la Résistance, le supplicié de Klaus BARBIE qui ne livra aucun secret sous la torture la plus abjecte. Elle, Simone VEIL qui martyrisée par les S.S ne renonça jamais à sa dignité.
Ils sont pour nous deux exemples d’humanité profonde, lui héroïque dans son sacrifice, elle admirable par son courage et par son témoignage. Elle qui, sur le bras gauche, portait le stigmate de son malheur, ce numéro de déportée à Birkenau dont un jour un Français lui demanda si c’était son numéro de vestiaire.Ce numéro 78651 était le viatique de sa dignité invulnérable et intacte. Il sera gravé sur son sarcophage, comme il avait été tatoué sur sa peau d’adolescente. Car en Simone VEIL, c’est enfin la mémoire des déportés raciaux, comme le disait elle-même, des 78.500 juifs et tziganes déportés de France qui entre et vivra en ces lieux.
Demain, elle rejoindra les quatre chevaliers français qui dorment dans ce caveau. Simone VEIL pourra en entrant les regarder fièrement de ce regard minéral, toujours inquiet. Elle pourra leur dire : « j’ai fait ma part ».
Elle sera accueillie en égale dans cette famille unie par les idéaux et le courage qu’on appelle « les héros français ».
Elle nous appelle à faire nous aussi notre part.
Un autre chevalier les aura rejoints, un chevalier servant, car il n’était pas pensable de désunir ce que la vie avait si fortement soudé, dans la joie mais aussi dans ces deuils terribles que furent la perte de la sœur de Simone VEIL, Madeleine dite Milou, survivante des camps comme elle, disparue dans un accident de voiture ; et la mort de son fils Claude-Nicolas, terrassé en 2002 par une crise cardiaque.
Il n’était pas pensable que Simone repose sans Antoine. Cette compagnie lui aurait manqué.
Antoine, le haut fonctionnaire doué pour la vie qui apporta à la jeune rescapée l’élégance et l’humour qui lui permirent de revivre. Antoine qui rêvait de politique et à sa sortie de l’ENA avait commencé à s’en mêler en libéral européen. Antoine qui eut l’intelligence de comprendre que sa femme, elle, apportait à la politique non le simple désir de changer les choses, mais l’âpre volonté de combattre pour l’essentiel.
Il mit alors son talent, son amour au service des batailles menées par Simone, qu’il soutint jusque dans les heures difficiles où ses adversaires maniaient l’injure immonde et la menace physique.
Leur dialogue ne cessa jamais, ponctué de rires et parfois de mélancolie, égayé par une famille de trois fils : Jean, Claude-Nicolas et Pierre-François et bientôt douze petits-enfants. Ce dialogue fut interrompu seulement par la mort d’Antoine en 2013, lui qui semblait fait pour vivre toujours, tant jamais le goût de la vie ne l’avait quitté.
Le Panthéon désormais bruissera du murmure de leurs conversations.
Votre œuvre Madame fut grande, parce qu’elle s’est nourrie de vos deuils et de vos blessures, de vos fidélités et de vos intransigeances, mais aussi parce que vous l’avez entièrement vouée à la France et à la République.
Tout ce que vous avez fait, vous l’avez fait aussi parce que la République vous y appelait, vous y portait, vous y encourageait. Vous avez cru en la République et la République a cru en vous. La grandeur de l’une a fait la grandeur de l’autre. C’est parce que de toutes vos forces, vous l’avez honorée qu’aujourd’hui, elle vous honore.
Votre œuvre cependant n’est pas achevée. Elle entre ici dans l’histoire et dans la postérité. Puisse vos combats continuer à couler dans nos veines, à inspirer notre jeunesse et à unir le peuple de France.Puissions-nous sans cesse nous montrer dignes comme citoyens, comme peuple des risques que vous avez pris et des chemins que vous avez tracés, car c’est dans ces risques et sur ces chemins, Madame, que la France est véritablement la France.
Au soir de votre vie, vous avez souhaité qu’un kaddich soit dit sur votre tombe, votre vœu fut exaucé par votre famille le 5 juillet 2017, au cimetière du Montparnasse.
Aujourd’hui, la France vous offre un autre chant, celui dont les prisonnières de Ravensbrück avaient brodé les premiers mots sur des ceintures de papier ; et qu’elles chantèrent le 14 juillet 1944 devant les S.S médusés. Ce chant que les déportés, chacun dans leur langue, entonnaient lorsque leur camp était enfin libéré, car ils le connaissaient tous par cœur. Ce chant dont le monde a résonné lorsque la barbarie de nouveau a montré chez nous sa face hideuse.
Ce chant c’est celui de la République, c’est celui de la France que nous aimons et que vous avez faite plus grande et plus forte. Qu’il soit aujourd’hui, Madame, le chant de notre gratitude et de la reconnaissance de la nation que vous avez tant servie et qui vous a tant aimée.
Ce chant c’est la Marseillaise.
Vive la République, vive la France.

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La poignante minute de silence au son du camp de Birkenau-Auschwitz

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Simone Veil racontée par ses petits-enfants

Simone et Antoine Veil avaient trois fils, Nicolas (décédé), Jean et Pierre-François. Les petits-enfants : Sébastien Veil, 41 ans, fils de Nicolas. Isabelle Veil Perona, 46 ans, fille de Jean. Stéphanie Chaffin-Veil, 46 ans, Raphaël Veil, 30 ans, et Rebecca Veil, 18 ans, tous trois enfants de Pierre-François, nous font pénétrer dans l’intimité de cette famille – ce « clan » comme ils disent...
Simone Veil racontée par ses petits-enfants
Quelle grand-mère était Simone Veil ?
Raphaël. On n’a pas tous les mêmes souvenirs, mais on peut s’accorder sur le fait que c’était une grand-mère aimante, attentionnée, toujours bienveillante… Et évidemment hors du commun.
Stéphanie. Elle m’a transmis beaucoup de force contre l’adversité. Dans la vie, il y a toujours des épreuves, mais quand on pense à tout ce qu’elle a vécu, nos petites épreuves ne sont rien.
Elle avait des mots pour transmettre cela ?
Stéphanie. Plutôt une façon d’être. On sentait que c’était une femme combattante, qu’elle avait de la force, elle savait où elle allait.
Était-elle à votre écoute ?
Isabelle. J’ai l’expérience d’une grand-mère avant tout, des conseils qu’elle donnait dans le peu de temps dont on bénéficiait. J’ai le souvenir, petite, d’être allée avec elle visiter des musées le samedi matin, au cinéma le samedi après-midi, d’avoir passé du temps sur son lit à se parler. Elle s’intéressait beaucoup à nous. Elle avait un rapport très fort à la personne en face d’elle, elle prenait le temps de savoir comment on allait, ce qu’on avait fait, ce qui était important pour nous.
De quoi parliez-vous ?
Isabelle. Des conseils de tous les jours, j’ai des souvenirs de conversations sur les sorties, la façon de s’habiller.
Sur la façon de s’habiller ?
Isabelle. Elle était au Parlement européen et côtoyait beaucoup les Italiens et les Italiennes, quand j’ai commencé à fréquenter mon mari, un Italien. Elle s’intéressait beaucoup à la façon dont je m’habillais, elle tenait à ce qu’on aille faire du shopping pour que je sois bien habillée quand j’allais en Italie (rires).
Rebecca. Je suis la plus jeune des petits-enfants. J’ai le souvenir d’une grand-mère aimante et tendre. J’ai de très bons souvenirs des Noël qu’on passait quand elle était au Conseil constitutionnel.
Au Conseil constitutionnel ?
Rebecca. Oui, c’était le Noël des enfants de tous ceux qui y travaillaient. Il y avait un spectacle, ma grand-mère faisait attention à ce que tous les enfants aient un cadeau, il y avait des montagnes de cadeaux.
Elle vous gâtait ?
Rebecca. Plusieurs fois, elle m’a amenée acheter de très belles robes. Pour elle c’était très important. Elle était très coquette.
Stéphanie. Souvent je lui disais que mes enfants étaient trop gâtés, elle me répondait toujours : « Non ils ne seront jamais trop gâtés, qu’ils en profitent ».
A propos de la déportation et des camps elle disait que tout cela pouvait se reproduire. Vous ressentiez un pessimisme ?
Sébastien. Elle était bien consciente qu’il y a le meilleur et le pire dans la nature humaine, mais elle n’était pas pessimiste. Elle a toujours essayé de nous transmettre l’idée que la générosité, l’ouverture aux autres, le respect étaient des valeurs très importantes. Même si elle n’était pas croyante, elle avait des valeurs morales fortes. Je me souviens de conversations à Sainte-Maxime où nous nous retrouvions l’été, elle disait qu’il fallait se comporter avec humanité.
Pas pessimiste, mais inquiète ?
Sébastien. Leur engagement européen vient du fait que pour Simone et Antoine Veil, l’Europe c’était un moyen d’éviter la guerre.
Elle était féministe, vous en parlait ?
Stéphanie. Féministe, non. Mais elle nous a toujours poussées à faire des études, à travailler. Pour elle il était important que les femmes travaillent, l’émancipation des femmes comptait beaucoup.
Ça se ressentait avec votre grand-père ?
Tous. Oh oui (rires). Elle râlait pas mal.
Sébastien. Intellectuellement, elle résistait, elle remettait en place Antoine quand elle n’était pas d’accord. Simone ne supportait pas la mauvaise foi. Il y en a plusieurs qui ont dû se prendre une carafe d’eau sur la tête !
Les déjeuners de famille étaient animés ?
Isabelle. Oui, on a entendu pas mal de portes, vu beaucoup de gens partir du déjeuner de famille avant la fin. Mais il y avait en même temps beaucoup d’échanges sur les rencontres des uns et des autres.
Elle vous parlait de son expérience des camps ?
Rebecca. En CM1 ou CM2, à 7 ou 8 ans, ma professeur était venue me voir à fin des cours, me demandant : « Tu penses qu’il serait possible de faire un exposé sur Simone Veil ? » J’étais un peu chamboulée, j’ai demandé à mon père qui m’a répondu qu’il ne devrait pas y avoir de problème. Un après-midi, je suis allée chez mes grands-parents, on s’est mis comme d’habitude sur la table de la salle à manger. Elle est arrivée avec des photos, s’est assise, m’a regardée et m’a dit : « Que veux-tu savoir ? » Elle ne m’a pas tout raconté parce que j’étais très jeune, mais m’a appris le principal, elle m’avait même montré son tatouage.
Comment abordait-elle des choses aussi terribles ?
Rebecca. Elle était douce, très sereine, très calme, comme si elle racontait une histoire… Son histoire.
Raphaël. Je pense que c’était une période où le besoin de transmettre s’est fait ressentir de manière plus prégnante avec le temps. Elle n’en a jamais parlé avec toi.
Isabelle, Stéphanie, Sébastien. Elle n’en a parlé avec aucun des aînés, jusqu’en 2004. Quand on est parti pour Auschwitz, tous ensemble, pour les 60 ans de la libération du camp, elle nous a expliqué. Et elle avait ajouté : « J’espère qu’on aura l’occasion d’en reparler ».
Sébastien. Je pense qu’il y avait chez elle une souffrance venant du fait qu’elle avait voulu en parler après la guerre, mais on ne l’a pas laissée le faire.
C’est-à-dire ?
Sébastien. Les survivants racontaient, mais on ne voulait pas les entendre. Parce que la période était à la reconstruction de la France, à l’Union nationale…
Est-ce que votre grand-mère vous poussait à vous engager dans la vie de la cité ?
Sébastien. C’est resté un libre choix de notre part. J’ai participé à la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, dont j’ai été le conseiller à l’Elysée. Et dix ans après, à celle d’Emmanuel Macron (NDLR : avec qui Sébastien Veil était à l’ENA). D’une certaine manière, le fait de faire travailler ensemble la gauche et la droite, c’est quelque chose que mes grands-parents avaient initié avec le Club Vauban trente ans auparavant.
Le fait d’avoir Antoine et Simone Veil comme grands parents, c’était un stimulant ?
Rebecca. C’est une fierté. Même si, une fois, cela m’a attiré les foudres d’une professeur qui, n’aimant pas du tout ma grand-mère, avait décidé de me détester. Ma grand-mère a eu une vie tellement difficile et elle l’a rendue tellement incroyable, pour elle, pour tous les Français et tous les Européens, qu’on se dit qu’on va essayer de faire notre maximum pour essayer de faire changer les choses comme, elle, l’a fait.
Le Panthéon pour vous, c’est l’aboutissement logique de son parcours ?
Sébastien. Ce n’est jamais logique. C’est un grand honneur, pour elle et pour notre famille. Nous sommes aussi très heureux qu’ils soient réunis tous les deux.
Raphaël. J’aurais aimé que ses parents à elle puissent voir cela. En raison du féminisme de sa mère – c’est ma grand-mère qui entre au Panthéon et qui y emmène son mari — et aussi pour le républicain qu’était son père : voir sa fille reconnue par la Nation, ça aurait été quelque chose de très fort.
Elle vous parlait volontiers de la France ?
Sébastien. Pour elle, la France, c’est une culture, des valeurs, une Histoire.
Pourtant, à un moment la France a manqué à votre famille…
Sébastien. Ma grand-mère avait à cœur de dire qu’il ne fallait pas être excessif dans la critique de la France de ces années. Qu’effectivement, il y a eu des fautes mais qu’en même temps, il y a eu des Justes. Elle était pour la réconciliation
Stéphanie. Elle avait certainement une colère rentrée. Mais elle a préféré prôner la réconciliation pour éviter que ça recommence.
Et le rôle de votre grand-mère dans la dépénalisation de l’IVG ?
Sébastien. J’en ai pris conscience parce que j’avais des camarades au collège qui disaient que ma grand-mère c’était l’avorteuse.
Le souvenir le plus marquant que vous garderez de votre grand-mère ?
Stéphanie. Nous vivions à Abu Dhabi et on avait amené mon grand-père et ma grand-mère faire une balade dans le désert. La voiture, conduite par mon grand-père, s’est enlisée. Ma grand-mère est sortie de la voiture en fureur, en le traitant de tous les noms d’oiseaux, elle a claqué la porte et elle est partie droit devant, dans le désert !
Vous gardez en mémoire une photo d’elle ou du couple ?
Raphaël. Dans un documentaire, on les voit tous les deux dans les années 1970 se regarder et se sourire. Ils se parlent sans se parler. Moi, j’ai vécu cela en direct.
Stéphanie. Il y a une photo à la sortie de l’Académie française. On voit mon grand-père qui avait une admiration immense pour sa femme, brandir l’épée de ma grand-mère. Avec Simone à côté.
Votre grand-mère disait qu’après les camps, on ne pouvait plus avoir peur de rien. Vous le ressentiez ?
Raphaël. Je pense que c’est vrai de beaucoup de gens qui ont vécu et survécu à cette période. A part la peur de voir de telles choses se reproduire.
L’image contient peut-être : 1 personne, texte
(sources gouvernementales, simoneveil.fr, Le Monde.fr, Ina, SOM2NY NETWORK)

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